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05 - 31 Juil 2022
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Exposition

Exposition – “EGG”, polaroïds de Thierry VASSEUR – (Photographie) – Galerie L’Oeil à Facettes – (Lormes, 58)

Exposition – “EGG”, polaroïds de Thierry VASSEUR à la Galerie L’Oeil à Facettes à Lormes – Du 5 juillet au 31 août 2022 – 

Ouverture du jeudi au samedi – 10:00-12:30 / 15:00-18:00

  • Vernissage le vendredi 15 juillet à 18h.
  • Karen Chevallier & Colin McKellar, improvisation danse/contre-basse à 19:00.

Contact : loeilafacettes@gmail.com / 

Découvrir l’oeil à facette ICI

La rencontre entre Thierry Vasseur et le fauteuil de Arne Jacobsen, the Egg, était-elle programmée ?
Nés en 1958, l’un pour habiller l’intérieur moderniste d’un hôtel danois (le SAS Royal Hôtel) et contraster par ses lignes sensibles et sensuelles avec l’immensité rectiligne d’une architecture froide, l’autre pour déshabiller les femmes et les mettre en scène, fatales et dangereuses sur les couvertures des romans SAS, ils semblaient destinés à se trouver, ironie des hasards.

Thierry Vasseur aime le mobilier, adore le design des années 60 et utilise depuis ses débuts des modèles iconiques comme la chaise Panton, Tulip ou le canapé Bocca de Dali pour assoir ses modèles.
L’objet est important mais n’est pas le sujet pour autant. Jusqu’à ce jour où The Egg, installé dans sa maison s’impose à lui comme une évidence et l’idée d’y lover une femme vient rapidement s’imposer au photographe qui voit là l’occasion de confondre deux passions. L’équilibre est juste car cette fois pas de retouche post production, pas de maquillage, pas d’accessoires mais une femme nue, un fauteuil brut, une image que le polaroïd va rendre imparfaite voire floue, et quelques fois accidentellement abimée lorsque la chimie s’en mêle, une poésie érotique à l’état pur.

Mais revenons à la création du designer Arne Jacobsen. C’est au sein du premier gratte-ciel de Copenhague, inauguré en 1960 que né The Egg et son compatriote, le fauteuil Swan, spécialement dessinés pour l’hôtel Royal SAS de la compagnie aérienne éponyme. Le hall voulu comme un terminal d’aéroport s’adoucit au regard des lignes courbes et douces d’un mobilier cocon.
Dès lors, ce contraste voulu entre les volumes importants d’un building rectiligne et d’un mobilier circulaire dont l’arrondie invite à presque se pelotonner, préfigure déjà l’idée d’un projet artistique qui propose au sujet d’utiliser l’objet aussi bien pour se montrer que pour se cacher en son sein. Bien que de genre masculin, le fauteuil The Egg se féminise par sa forme organique ovoïdale, imposant mais rassurant, tel un refuge entre l’ombre et la lumière.
Vingt femmes de tous les âges vont choisir de s’y exposer nue et si quelques-unes ont imaginé un scenario avant la séance, toutes prennent finalement conscience que le fauteuil leur impose son style et qu’il faut jouer avec sa rigidité suave, son mouvement de rotation et la hauteur de ses courbes afin de s’apprivoiser l’un l’autre et offrir à l’œil du photographe une rencontre intime, un jeu de cache-cache sensuel tout en nuances contrastées. « Attention le fauteuil est vivant !» ironise Thierry Vasseur. Se mettre à nue est une démarche pour certaines qui va bien au-delà de dévoiler son corps, c’est montrer ses fragilités, délivrer sa pudeur, un cadeau qu’elles ont décidé de (se) faire peut-être grâce au fauteuil dont l’assise enveloppante favorise une expression corporelle propre à chacune. « J’ai dansé, virevolté, tangué avec lui et l’ai même renversé au sol dans un élan fougueux, j’en ai joué. Equilibre et déséquilibre, tout était là. » confie Karen.
Cette diversité est également favorisée par l’utilisation du Polaroid. Choix que fait Thierry Vasseur en conscience pour ajouter de la surprise et de l’imperfection à l’image. Le tout numérique offrant une image perfectible à l’infini, le polaroid à l’inverse crée une image instantanée mais intouchable, un surplus de poésie aux confins de la couleur, proche de l’effacement lorsque le noir et blanc surexpose les corps et protège avec délicatesse la pudeur. L’indiscrétion est floutée, le fauteuil est bel est bien animé d’une force tranquille qui abrite à la dérobée les femmes impertinentes, timides, provoquantes ou réservées, jeunes ou dans la force de l’âge, voluptueuse ou graciles, des femmes libres de s’exprimer et d’imprimer leur désir de féminité.” Fanny LASSERRE